lundi 31 mars 2008

Le cimetière d'Amboise (L.C. de Saint Martin)

J’aime à porter mes pas dans l'asile des morts.
Là, mourant au mensonge, il me faut moins d'efforts
Pour comprendre leur langue et saisir leur pensée,
Car les morts ne l’ont pas, cette idée insensée,
Que tout s'éteint dans l'homme.
En eux, tout est vivant.
Pour eux, plus de silence.
Autour d'eux l'on entend
Les sanglots du pécheur, les fureurs de l'impie;
Les cantiques du sage, et la douce harmonie
De ceux dont l'amitié, le zèle et la vertu
N'ont formé qu'un seul coeur pendant qu'ils ont vécu.

Homme, c'est ici bas qu'il a pris la naissance,
Ce néant où l'on veut condamner ton essence;
Et c'est ta propre erreur qui lui sert de soutien.
Tu sais tout! tu peux tout! et tu peux n'être rien!...
N'être rien!... et saisir et juger la lumière!...
Laisse à l'homme égaré ces rêves de la terre
Nous n'étions qu'assoupis dans nos corps ténébreux.

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