mardi 10 juin 2008

Le pélican et la cigogne

Un pélican célibataire
Crut entendre un écho gémir au fond d’un bois.
« Parricide, criait la voix,
Qu’as-tu fait du sang de ton père ? »
Il songea que son père, étant près de mourir,
S’était saigné pour le nourrir ;
Le remords s’empara du rêveur solitaire.
Chez la cigogne il s’en alla,
Et de ses chagrins lui parla.
La cigogne est, dit-on, l’oiseau de la famille :
Aux toits son nid porte bonheur ;
Elle attire au foyer qui brille
L’innocence et la paix du coeur.
Elle dit doucement : - Pélican, mon compère,
Prends une compagne, il est temps.
Débiteur du sang de ton père,
Tu dois le rendre à tes enfants.

S’il n’est un sacrifice héroïque et sublime,
Le célibat devient un crime.
Les soins de nos parents sont leur âme et leur sang,
Que sur nos premiers jours le ciel fit se répandre ;
A d’autres nous devons les rendre.
C’est un devoir sacré qu’on accepte en naissant.

dimanche 18 mai 2008

De l'églantine à la rose

Jadis, j’avais un seul ami,
Le seul qui savait m’écouter,
Etre là, me réconforter…
C’était celui qui triompha
Du mal par sa mort sur la croix
Dans ma solitude infinie
J’allais déjà me ressourcer
Dans les ombrages des forêts
Dans la douceur de la verdure
Et les beautés de la nature


Un jour où je passais
Tout près de l’églantier
En douces fleurs rosées
Il m’offrit ses baisers
Alors je lui parlai
Et je lui confiai
Mes peines, mes soucis
Mon besoin d’un ami,
Mais aussi mon désir
D’aider et de servir.


Réconfortant, il m’offrit sa beauté,
De ses clairs pétales l’opalescence,
De son parfum la suave innocence,
La caresse satin de sa candeur
Et, du soleil émanant de son cœur,
Je le sentis près de moi chuchoter :
Chasse cette tristesse de ton cœur
Bientôt, sur ton chemin, tu vas trouver
Des vrais amis, des frères et des sœurs
Servant l’idéal dont tu as rêvé.


Alors, je m’en fus apaisée,
Vivifiée par la rosée
De cette belle promesse,
Je délaissai toute tristesse.


Après quelques années,
C’est une rose que j’ai trouvée,
Posée au centre de la croix.
Elle guida mes pas vers le portail
Où je trouvai les frères et les sœurs
Que m’avait promis l’églantine.

Lapis Philosophorum

Dans l'alambic de ton coeur,

Par l'athanor de l'affliction,
Cherche en toi la vraie pierre des Sages.

mardi 15 avril 2008

Le montagnard et l'homme de la vallée

A l’heure où le ciel souriant
Entr’ouvre les rideaux du splendide Orient,
Et plus frais qu’un enfant aux paupières écloses,
Fait sortir le soleil de sa couche de roses,
Une vallée était couverte de brouillard,
Et l’habitant de la vallée,
Baissant sa tête désolée,
Disait : - Le ciel de nous détourne son regard,
La nature en deuil est voilée !

- Non, lui répondit un montagnard,
En ce moment le ciel s’allume ;
Dans l’immensité de l’azur
Tout est rayonnant, tout est pur.
Le jour n’est pas voilé, c’est la terre qui fume.
Au lieu de murmurer chez toi
Contre la nuit qui couvre un coin de la campagne,
Sois agile, et viens avec moi
Voir le soleil sur la montagne.

Misanthropes et paresseux,
Qui rampez toujours terre à terre,
Et ne rencontrez que misère,
Turpitudes, boue et poussière,
Redressez-vous, levez les yeux :
Ce monde, que toujours votre vanité blâme,
N’est pas le trou de taupe où l’ennui vous surprend ;
Gravissez la montagne, élargissez votre âme,
Cessez d’être petits, le monde sera grand.

mercredi 9 avril 2008

Hymne sacré Naasène

La Loi de la création de l'Univers fut l'Esprit Primordial,
Ensuite, vint le Premier-Né, le Chaos;
En troisième lieu, l'Âme reçut la Loi de l'Esprit :
Entourée d'une forme aqueuse.
La Mort la prend.

Ses yeux regardent la Lumière
A présent elle éructe sa Peine, elle éructe sa Joie,
A présent elle entend Son Tonnerre,
A présent elle entend Son Tonnerre, et elle meurt,
A présent elle nous quitte sans pouvoir jamais revenir.

Mais Na'hash-Christos dit : Père, regardez,
Une Âme se meut à la surface de la Terre,
Cherchant à monter le long de Votre Poitrine,
Mais le Chaos cherche à l'arrêter,
Et Elle ne sait comment passer.

Père, envoyez-moi;
Portant les Sceaux, je descendrai;
À travers les Âges je me mouvrai,
Je révélerai tous les mystères,
Et je montrerai toutes les formes de Dieu,
Et expliquerai les secrets du chemin saint,
Dont le Nom est Gnosis.

lundi 31 mars 2008

Le cimetière d'Amboise (L.C. de Saint Martin)

J’aime à porter mes pas dans l'asile des morts.
Là, mourant au mensonge, il me faut moins d'efforts
Pour comprendre leur langue et saisir leur pensée,
Car les morts ne l’ont pas, cette idée insensée,
Que tout s'éteint dans l'homme.
En eux, tout est vivant.
Pour eux, plus de silence.
Autour d'eux l'on entend
Les sanglots du pécheur, les fureurs de l'impie;
Les cantiques du sage, et la douce harmonie
De ceux dont l'amitié, le zèle et la vertu
N'ont formé qu'un seul coeur pendant qu'ils ont vécu.

Homme, c'est ici bas qu'il a pris la naissance,
Ce néant où l'on veut condamner ton essence;
Et c'est ta propre erreur qui lui sert de soutien.
Tu sais tout! tu peux tout! et tu peux n'être rien!...
N'être rien!... et saisir et juger la lumière!...
Laisse à l'homme égaré ces rêves de la terre
Nous n'étions qu'assoupis dans nos corps ténébreux.

dimanche 30 mars 2008

La Loge Mère (R. Kipling)

Il y avait Rundle, le chef de station,
Beazeley, des voies et travaux,
Ackman, de l’intendance,
Dankin, de la prison,
Et Blake, le sergent instructeur,
Qui fut deux fois notre Vénérable,
Et aussi le vieux Franjee Eduljee
Qui tenait le magasin "Aux denrées Européennes".
Dehors, on se disait : "Sergent, Monsieur, Salut, Salam".
Dedans c’était : "Mon frère", et c’était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !

Il y avait encore Bola Nath, le comptable,
Saül, le juif d’Aden,
Din Mohamed, du bureau du cadastre,
Le sieur Chucherbutty,
Amir Singh le Sikh,
Et Castro, des ateliers de réparation,
Le Catholique romain.

Nos décors n’étaient pas riches,
Notre Temple était vieux et dénudé,
Mais nous connaissions les anciens Landmarks
Et les observions scrupuleusement.
Quand je jette un regard en arrière,
Cette pensée, souvent me vient à l’esprit :
"Au fond il n y a pas d’incrédules
Si ce n’est peut-être nous-mêmes ! "

Car, tous les mois, après la tenue,
Nous nous réunissions pour fumer.
Nous n’osions pas faire de banquets
De peur d’enfreindre la règle de caste de certains frères.
Et nous causions à cœur ouvert de religion et d’autres choses,
Chacun de nous se rapportant
Au Dieu qu’il connaissait le mieux.
L’un après l’autre, les frères prenaient la parole
Et aucun ne s’agitait.
L’on se séparait à l’aurore, quand s’éveillaient les perroquets
Et le maudit oiseau porte-fièvre ;
Comme après tant de paroles
Nous nous en revenions à cheval,
Mahomet, Dieu et Shiva
Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.

Bien souvent depuis lors,
Mes pas errant au service du Gouvernement,
Ont porté le salut fraternel
De l’orient à l’Occident,
Comme cela nous est recommandé,
De Kohel à Singapour
Mais combien je voudrais les revoir tous
Ceux de la Loge-Mère, là-bas !
Comme je voudrais les revoir,
Mes frères noirs et bruns,
Et sentir le parfum des cigares indigènes
Pendant que circule l’allumeur,
Et que le vieux limonadier
Ronfle sur le plancher de l’office.
Et me retrouver parfait Maçon
Une fois encore dans ma Loge d’autrefois.
Dehors, on se disait : »Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans c’était : " Mon frère", et c’était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !

Collège R+C

Nous Députés du Collège principal des Frères de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible en cette ville, par la grâce du Très-Haut, vers lequel se tourne le cœur des Justes.

Nous montrons et enseignons à parler sans livres ni marques, à parler toutes sortes de langues des pays où nous voulons être, pour tirer les hommes, nos semblables, d'erreur et de mort.

S'il prend envie à quelqu'un de nous voir par curiosité seulement, il ne communiquera jamais avec nous ; mais si la volonté le porte réellement et de fait de s'inscrire sur le Registre de notre Confraternité, nous qui jugeons des pensées, lui ferons voir la vérité de nos promesses ; tellement, que nous ne mettons point le lieu de notre demeure, puisque les pensées jointes à la volonté réelle du Lecteur, seront capables de nous faire connaître à lui et lui à nous.